L’éthétique cinématographique des années quatre-vingts semble recéler dans son message et par son ironie de construction une certaine posture dans le temps qui d’un côté est irréversible, de l’autre est un aveu de courage. Le Berlin Alexanderplatz de Fassbinder comme l’Histoire simple de Sautet font tous deux la démonstration à leur façon d’une certaine immobilité dans le sol qui a commencé à leur époque. Une certaine immobilité de technique, dont il est impossible et vain de s’affranchir, comme d’une movida. L’esthétique du cinéma des années quatre-vingts est assez sûrement marqué d’une frénésie qui ne se libère pas, d’une erreur prisonnière, comme c’est une erreur par exemple de choisir entre Hannah et ses sœurs, et comme on est d’autant plus amené à faire des erreurs qu’on repasse trop souvent au même endroit. C’est une époque de délibération dont le dilemme se trouve lui-même contenir et imprégner ses mécanismes de formation de pensée ; et à la suite, les mécanismes de montage de l’œuvre cinématographique ont finalement eu le temps de revenir sur eux-mêmes en tant qu’artifices, d’en digérer le prix et de repartir dire quelque chose tout de même. Ce qui ne signifie pas qu’on soit désormais affranchi d’une quête d’authenticité : le cinéma va bien vers le récit. Mais le traitement des techniques de fiction semble n’avoir plus peur de lui-même, et venir en soutien à un apologue de même ordre dans le champ du récit, car il est beaucoup question, dans les thèmes traités notamment dans les cinq premières années de cette décénie, de réabilitation. Ainsi, on peut souvent s’amuser à repérer les équations de réabilitation du fil narratif par les exhibitions d’artifice du style filmique. Puisque l’aveu de mensonge est si clairement posé, la force qui en découle n’est, elle, pas suceptible de tromperie. Il semble exister une gueule de bois stylistique au début des années quatre-vingts qui a donc su trouver en elle-même une signification. La faute de style justifiée est ainsi souvent la clé d’un film.
jeudi 23 avril 2009
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